
Chacun d’entre nous est, un jour ou l’autre, confronté à la terrible épreuve du deuil. À la perte d’un proche, la souffrance est telle qu’il nous semble inconcevable qu’elle puisse peu à peu s’adoucir. Pourtant, de nombreux travaux, tels que ceux de la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross, ont démontré qu’à la suite d’une disparition, nous entamons tous nécessairement un processus de deuil. Si les différentes étapes de ce travail sont universelles, elles sont également très personnelles : chacun le vivant à sa manière, sur une période plus ou moins longue, selon sa personnalité et son lien avec le défunt. Comprendre les phases du deuil est l’une des clés pour mieux le vivre. Les émotions, parfois violentes, sont ainsi mieux appréhendées, car l’endeuillé sait qu’elles s’intègrent dans un processus normal. Nous vous livrons ici quelques pistes pour apprivoiser la douleur et surmonter un deuil.
Le deuil : définition
Le Larousse définit le deuil comme « la perte, le décès d’un parent, d’un ami ». En réalité, il recouvre une dimension éminemment affective et intime. Le mot « deuil », issu du latin « dolus » signifiant douleur, désigne l’état psychologique causé par la mort d’un proche. Ainsi, le processus de deuil est le cheminement intérieur vers une reconstruction émotionnelle, vers l’acceptation de la perte et la résilience. Notons que la notion de deuil recouvre également une dimension sociale : elle définit l’état de la personne endeuillée et l’ensemble des pratiques ritualisées qui en découlent.
Comprendre les différentes phases du deuil
Le deuil est une expérience violente, pénible, qui bouleverse l’endeuillé sur le plan psychologique mais aussi physique. Si chaque deuil est personnel et unique, tous décrivent néanmoins les mêmes étapes.
Le choc
« La mort est une surprise que fait l’inconcevable au concevable » (Paul Valéry). À l’annonce du décès, survient le choc, un état de trouble émotionnel extrême, et cela même lorsque la mort était prévisible. L’individu entre dans un état de sidération.
Le déni
Face à ce choc, l’endeuillé développe inconsciemment un mécanisme de protection psychique : c’est la phase du déni (« Je ne peux pas y croire »). Réaction temporairement salvatrice à une violente souffrance, cette étape est généralement assez brève. La confrontation avec le corps du défunt peut contribuer à y mettre fin.
La colère
Lorsque la disparition de l’être aimé est conscientisée, le proche entre alors dans une phase de colère. Selon les circonstances, celle-ci peut être dirigée contre le défunt (« pourquoi ne s’est-il pas battu ? », « pourquoi a-t-il été imprudent ? »), contre lui-même (« pourquoi n’ai-je rien pu faire ? »), contre l’équipe médicale, contre Dieu, etc. La colère est une réaction saine et naturelle face à l’impuissance : elle ne doit pas être réprimée, car elle a une valeur réparatrice.
La dépression
La colère épuisée, survient alors une phase de dépression. Peu à peu, la personne en deuil entre dans un état psychologique dépressif : elle se sent isolée, manque d’énergie et d’envie, ne s’intéresse plus à rien. Tout lui semble vide de sens. « On se replie sur soi, happé par un brouillard de profonde tristesse » (Dr Kübler-Ross). Cette grande souffrance émotionnelle peut durer des mois, parfois des années.
L’acceptation et la reconstruction
Peu à peu, l’endeuillé parvient à sortir de sa douleur et à accepter cet état de fait : l’être aimé est physiquement parti. C’est la phase d’acceptation. Il y a eu un avant, il y aura un après. La vie peut continuer, différente, malgré l’absence. Le défunt n’est pas oublié : la personne en deuil tisse avec lui un nouveau lien, intériorisé sous forme de souvenirs. Cette étape transitionnelle mène à la reconstruction. Un avenir sans l’être cher est envisagé et de nouveaux projets prennent forme.
Comment surmonter un deuil ?
Surmonter la perte d’un être cher en effectuant le douloureux travail de deuil est un chemin long et complexe. Voici quelques conseils simples pour faciliter ce processus.
Comprendre ce que l’on traverse
Connaître les différentes étapes du deuil et leurs implications est essentiel. Ainsi, la personne endeuillée appréhende mieux les vives émotions qui la submergent. Intérieurement, elle sait qu’un jour, son immense chagrin s’atténuera et qu’une nouvelle vie pourra commencer – même si cette pensée peut lui sembler, dans l’instant, complètement absurde. En étant informée, elle accepte plus facilement la douleur et lui accorde le temps nécessaire.
Accepter ses émotions
Dans le deuil, la souffrance est salutaire. Accueillir et accepter pleinement ses émotions (tristesse, peur, colère, culpabilité, etc.) est primordial. En tentant de les réprimer, nous ne faisons que différer le processus de deuil. Il est important d’exprimer sa peine sans retenue, de partager son chagrin auprès d’un interlocuteur de confiance, ou même dans un carnet de notes. Écrire pour soi peut, en effet, être source d’apaisement, lorsque les mots ne peuvent plus être tus.
Soutenir ses proches
Une disparition laisse un vide dans de nombreuses vies : époux, enfants, petits-enfants, parents, cousins, amis, etc. Lorsqu’on est soi-même dans la peine, soutenir ses proches peut être bienfaisant. Ainsi, l’accent est temporairement détourné de nos propres émotions. Attention cependant à ne pas ignorer sa souffrance personnelle : l’entraide et l’écoute mutuelle sont les clés pour apaiser la douleur de chacun.
Prendre soin de soi
Vivre un deuil est une expérience violente aussi bien pour le corps que pour l’esprit. En phase de dépression, notamment, l’endeuillé sent ses forces l’abandonner. Il n’a plus goût à rien et peut facilement se laisser aller. Pourtant, prendre soin de soi en conservant une alimentation et un rythme de vie sains (influant sur la qualité du sommeil) est essentiel pour avancer dans le parcours de deuil.
Se faire aider
Lorsque la souffrance est intenable, se faire aider est bien évidemment indispensable. L’objectif est de trouver des points d’ancrage sur lesquels s’accrocher, un cadre dans lequel la personne en deuil peut être écoutée avec bienveillance. Selon les cas, elle peut ainsi se tourner vers :
- des proches à l’écoute, qui ne sont pas directement concernés par le deuil en question ;
- des spécialistes : psychothérapeutes ou psychanalystes, qui l’aideront à mettre des mots sur sa souffrance ;
- des associations d’entraide pour personnes endeuillées, telles que Vivre son deuil, Dialogue & Solidarité, Apprivoiser l’absence, l’association Elisabeth Kübler-Ross France ou encore l’ANJPV (association nationale Jonathan Pierres Vivantes), qui vient spécifiquement en aide aux parents endeuillés.